L’adolescence considérée comme un groupe social à part entière, est une période transitoire entre l’enfance et l’âge adulte. Cette période sera influencée par la culture, le sexe de la personne, les différences d’ordre social et de société.
Définie par l’Organisation Mondiale de la Santé entre la 10è et la 25è année du jeune, cette période entraîne des métamorphoses physiologiques, psychologiques, sociales et affectives chez l’adolescent qui se pose alors un grand nombre de questions sur son corps, sa sexualité et son identité au sein du milieu familial.
L’OMS définit également trois phases importantes de préadolescence, adolescence et post-adolescence au cours desquelles le jeune passe de la puberté à un comportement narcissique et la découverte de son identité comportementale et émotionnelle.
On observe alors durant ces phases de changements pubertaires puis d’évolution sociale et affective, une rupture avec son corps d’enfant et le contexte familial.
En effet, à l’approche de l’adolescence, l’équilibre et la stabilité que vivaient l’enfant est bouleversé par une perte brutale de repères identitaires biologiques, psychologiques et sociales qui entraineront des conflits, des questionnements, de l’insécurité… Durant cette période de changements, l’adolescent voit son monde d’enfant basculer du jour au lendemain sans rien pouvoir maitriser. Ce passage mouvementé de la vie se nomme : La crise d’adolescence.
La crise d’adolescence dans le domaine du corps :
L’adolescence débute par une période de puberté au cours de laquelle le corps se transforme. Cette période se définit par l’ensemble des changements biologiques et anatomiques qui aboutissent à la capacité de reproduction.
Explicite par le préfixe « Puber », qui veut dire poils, chez les garçons comme chez les filles, on observe l’apparition d’une pilosité sur le pubis et les aisselles.
La puberté qui est de plus en plus précoce dans notre société, se caractérise par une forte poussée hormonale qui donne lieu à une croissance rapide du corps chez les filles comme chez les garçons, de la poitrine chez les filles et du volume du pénis chez les garçons.
De plus, on constate l’apparition des premières règles chez les filles. Chez les garçons, de la barbe, la pomme d’Adam la mue de voix et des premières pollutions nocturnes.
C’est aussi à la puberté que les organes sexuels se développent définitivement jusqu’à permettre la procréation et définir le genre sexuel de la personne. En effet, l’émergence des caractères sexuels secondaires et de la sexualité en général donne la possibilité à l’adolescent de repenser la différence des sexes mais cette phase de l’adolescence génère souvent chez le jeune, des conflits internes douloureux.
On comprend donc que l’adolescent se retrouve dans une situation totalement insécurisante, laissant place à un sentiment d’étrangeté par rapport à ce corps qu’il ne maîtrise plus face à toutes ces manifestations.
Ayant dispenser des cours d’équitation en compétition, il n’est pas rare de voir de jeunes cavaliers ayant une bonne technique équestre se retrouver dans une incertitude totale de leurs capacités car leur centre de gravité change avec la croissance et leurs repères sensorielles sont bouleversés.
Des douleurs peuvent également subvenir mettant le jeune dans l’inconfort mais également dans une sensibilité corporelle, l’empêchant de pratiquer les activités qui le passionnaient depuis son enfance.
Avec la puberté, arrive également l’acné, cette sécrétion d’hormones androgènes qui rend la peau grasse et qui provoque l’apparition de boutons principalement sur le visage et sur le dos. L’acné engendre bien souvent un manque de confiance en soi chez l’adolescent, dans l’image qu’il renvoie à l’autre et sa capacité à séduire.
Ce manque de confiance en soi pouvant également entraîner de la timidité jusqu’à de l’introversion.
Lorsque ces sentiments de malaises et d’étrangeté s’accentuent, cette période de transformations pubertaires de l’adolescence peut entraîner des phobies et maladies telles que :
- La dysmorphophobie qui est la crainte de présenter une maladie grave face aux changements rapides des organes.
- L’anorexie mentale que l’on retrouve facilement chez les filles qui ne supportent pas de voir leur bassin et leur poitrine s’élargirent et qui se retrouvent dans un refus alimentaire ou des phases de boulimie pensant retrouver la maîtrise de leur corps.
- la dépression avec le risque inhérent du suicide lorsque l’adolescent ne trouve pas son identité à travers cette crise d’adolescence.
Il n’est pas rare également que la poussée brutale d’hormones provoque de façon exacerbée des émotions de joie, de colère, de honte et de tristesse.
De plus, le fonctionnement intellectuel évolue considérablement au cours de l’adolescence, générant une grande fatigue et des manquements sur la concentration.
La crise d’adolescence dans le domaine de la famille :
Les transformations pubertaires permettent de comprendre que l’adolescent en conflit avec lui-même et son corps, en perte de confiance en soi, dans une grande insécurité de l’avenir pour lui-même, ne peut entretenir des relations stables avec son entourage et sa famille.
De plus, le fonctionnement intellectuel différent de celui de l’enfant qu’il était, entraîne l’adolescent à un besoin grandissant d’autonomie et une recherche d’individualité.
Aussi, il est constaté que l’adolescent a tendance à rechercher une séparation réelle en commençant par se cloitrer volontiers dans sa chambre et fuir les instants de convivialité familiale.
Par la suite et souvent grâce aux études, il peut faire le choix de quitter le foyer même s’il n’a pas la total dépendance financière.
Ces différentes situations s’en suivent fréquemment d’une incompréhension des parents touchés par le syndrome du « nid vide », reprochant à l’adolescent ses absences ou son reclus face au foyer familial.
Cette volonté d’autonomie et d’indépendance face au schéma parental génère également une révolte de l’adolescent qui a tendance à s’opposer à ses parents dont il n’est pas totalement autonome financièrement et affectivement. D’ailleurs, cette phase d’opposition n’est possible pour l’adolescent uniquement parce qu’il est intimement persuadé qu’il ne peut pas perdre l’amour de ses parents.
En même temps que l’adolescent se reconnait une nouvelle image de lui, une identité sexuelle, et qu’il prend conscience de l’existence d’un corps sexué chez ces parents, le complexe d’Œdipe définit par l’ensemble des désirs amoureux et hostiles que l’enfant éprouve envers ses parents, est réactivé par d’importants investissements narcissiques et son besoin d’affection. Ce conflit interne de l’adolescent se régule par son comportement égocentrique qui lui permet dans un premier temps de se soucier de son apparence physique et l’image qu’il a de lui, puis de diriger à son égard l’énergie qu’il déployait auparavant dans la relation à ses parents pour ainsi déterminer son identité de genre et sa sexualité.
Par la suite cette séparation symbolique se concrétise par l’investissement de l’adolescent vers ses relations amicales intenses, ses sentiments amoureux et sa première relation sexuelle.
Pour finir, il n’est pas rare de constater que dans sa quête d’autonomie, de responsabilité et de dépendance, l’adolescent ressente le besoin de se rapprocher d’un groupe d’amis différent du groupe familial qu’il a fréquenté et auquel il s’est référé étant enfant. Cette bande permet également à l’adolescent de satisfaire son besoin de reconnaissance.
De plus, l’adolescent peut ainsi faire des expériences sociales et comportementales en dehors de son contexte familial pour construire sa personnalité.
Des conflits peuvent alors subvenir avec les parents soucieux que l’adolescent, pris dans le phénomène de groupe, s’empêtre dans une dynamique qui le fasse sortir du cadre de loi.
On conste que les changements pubertaires brutaux engendrent des conflits internes comme ceux décrits précédemment auxquels s’ajoutent une opposition au contexte familiale et souvent une incompréhension des parents.
Cette période de recherche d’identité, représente donc une crise d’adolescence, plus ou moins longue suivant le jeune et l’environnement qu’il rencontre.
Même si l’adolescent arrive à déguiser son corps et se protéger par un comportement égocentrique, on constate que cette période est une véritable rupture d’une part avec son corps d’enfant qu’il ne retrouvera pas, et d’autre part, parce que cette quête d’identité le pousse naturellement vers une autonomie physique et psychique vis-à-vis de l’environnement familial.
La rupture peut-être plus ou moins importante voire même traumatique si des maladies telles que l’anorexie mentale, la dépression, la dysmorphophobie… se transforment en pathologies et si les parents ne sont pas en capacité psychique d’accueillir la crise d’adolescence de leur enfant.
Cependant, il est important d’intégrer que la crise d’adolescence, bien gérée, va répondre aux besoins d’autonomie, d’affection, de responsabilité et de confiance en soi afin que le jeune reprenne espoir, dialogue et sécurité.
En référence à l’étude des besoins de Maslow, on constate que la satisfaction de ces besoins permettra l’évolution de la personnalité de l’adolescent. Nous pouvons donc dire que la crise d’adolescence permet la construction de l’identité de l’individu.